PHOTOGRAPHIE DE VIDÉO SOUS-TITRÉES - 120 x 100 cm - 1991
Séquence sous titrée issue du film La rue de la honte, film japonais de Kenji Mizoguchi (1956).
Le choix de cette image et de son exposition annonce un principe de travail qui, sans devenir totalement récurrent, va s’imposer régulièrement durant plusieurs années.
Mais ma première utilisation d’images vidéos sous-titrées comme matière première, comme ressource débute plus tôt, en 1987 à Grenoble lors d’une exposition de fin d’étude.
Je présente à cette occasion 4 « instantanés », issus d’une interview sous-titrée de David Byrne, à propos du film « Stop Making Sens » (1984).
Ces 4 reproductions sont montrées sous un format relativement important (80 x 65) et traduisent les derniers propos de l’interview, lorsque David Byrne prend congé de son interlocuteur :
« Cela me met mal à l’aise […] de dire au revoir de manière formelle […] parce que cela implique forcément […] que j’ai envie de revoir la personne. »
La qualité du support médiocre est le résultat, assumé, d’une série de prises de vues effectuées avec un appareil photographique argentique d’images provenant de la diffusion d’une vidéo VHS sur un écran de téléviseur… balayage cathodique compris.
Mais c’est aussi ce qui m’intéresse : déplacer l’esthétique du champ du visible, de l’image pour solliciter la réflexion, le public, en utilisant une image médiocre, peu « glamour », pour en valoriser le propos.
L’écriture comme base et élément de travail permet de s’affranchir des contraintes de l’espace et de la forme en permettant d’investir la réflexion.
Elle permet d’aborder la conception et la création en s’adressant à l’univers personnel du spectateur de façon suggestive, d’investir la réflexion plus profondément, plus intimement.
L’aspect plastique est intrinsèque et migre plus aisément vers le monde spirituel de chacun.
« Je vous paierai en nature » deviendra progressivement une marque de fabrique qui accompagnera mon travail jusqu’à… aujourd’hui encore.