TEXTE ET PHOTOGRAPHIES ANTHROPOMÉTRIQUES - 1987
1987
« Donner sens au monde par un discours qui prend lui-même du sens en fonction de la justification qu’il en donne »
Propos tenus par Blaise Cendrars, lors d’un entretien durant lequel la paternité de son œuvre et la véracité de ses expériences sont contestées…
Il répond ainsi et affirme ce point de vue qui n’est ni un alibi, ni une éloge du mystificateur, mais une posture assumée d’un écrivain qui défend le principe de l’interprétation subjective du monde pour mieux en révéler son aspect réel, introduisant au passage l’idée selon laquelle le monde n’a de sens qu’à travers la forme que l’on veut bien lui attribuer.
1988
Je fais l’objet d’une arrestation. Interrogé, fiché, on me tire le portrait de face et de profil, je reste en garde à vue et aux abonnés absents durant quelques jours… à l’issue desquels je repars avec une paire de photographies anthropométriques.
1989 – 1990
En présentant ces photographies anthropométriques dans un lieu d’exposition artistique, je débarrasse ces documents judiciaires et normatifs, décisifs et sentencieux, des préjugés sociaux qu’ils véhiculent originellement pour les transformer en autoportraits. En les exposant légendés par la phrase de Cendrars, j’assume intrinsèquement des actes dont je ne dis rien (je n’avoue rien), mais qui s’affirment à travers le prisme de la phrase, comme porteurs de sens, d’histoire et de légitimités.
À l’occasion d’une exposition à Genève (Salle Patino, aujourd’hui devenue la Cité bleue), je présente ce travail intitulé « hommage à M. Sauser » (le véritable nom de Blaise Cendrars, originaire de Genève).