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Les paysages GPS

Tirages photographiques N&B - Formats 29 x 32 cm - Cadres métalliques - 1980/2023

Durant de nombreuses années, la SNCF a exposé dans chaque compartiment de ses wagons voyageurs, 4 photographies en noir et blanc. Dans un cadre métallique inoxydable de 29 sur 32 cm, la SNCF faisait étalage des attraits touristiques français en présentant des paysages et des monuments de toutes les régions métropolitaines françaises.

La façon dont les lignes de chemin de fer traversaient les paysages en épousant intimement leurs reliefs, et la vitesse de ces trains qui ne dépassaient guère les 140 kilomètres/h, autorisait la contemplation et ces photographies s’affichaient comme une promesse, suggérant que tôt ou tard, par la fenêtre du wagon, le voyageur pourrait contempler véritablement l’un des paysages présentés sous cadre.

 

Aujourd’hui, le tracé rectiligne des lignes TGV dont les choix est fait sans considération pour l’environnement, les superstructures superposées habillant littéralement la topographie et la vitesse élevée de rames transforment considérablement notre perception des paysages.

Aux parcours sinueux et souples dessinés sur une carte imprimée se substitue des données numériques synthétisant en temps réel la vitesse du train et la distance à parcourir jusqu’à sa prochaine destination. Rien qui ne permet d’appréhender l’espace que nous traversons, ni ses activités et les singularités qui composent son histoire ou participe à sa géographie.

La vitesse de l’activité humaine dans ses déplacements comme dans ses développements, ne permet plus la contemplation des paysages à la fois ordinaires et singuliers. Cela se traduit par une perception fugace, des bribes de mouvements, une succession de persistances rétiniennes qui transforme chaque fenêtre en écran sur lequel défile une vision de peu d’intérêt réduite à sa précipitation et nous donnant à voir des lieux anonymes, des espaces intermédiaires entre l’urbain et le rural, investis maladroitement par l’activité humaine et dont l’identité se résume à des coordonnées GPS.

Il s’agit d’un projet ancien dont les prémices datent de la fin des années 1980. Il peut être considéré comme le pendant plastique du travail photographique Galerie en miroir que je poursuis depuis plus de dix ans et dont une partie est visible sur ce site. Lire également le texte Une gare comme un hub.