Tirages photographiques N&B - Formats 12 x 24 cm - 1987/1998
Interroger l’Histoire unique
Dans l’audio-visuel, le sous-titre traduit un propos, une intention qui se déroule sur une séquence durant laquelle l’image ne cesse de se développer et progresser dans le temps. Les paroles y courent derrière l’image. Ce travail repose sur ce hiatus.
Sorties de leur contexte, isolées et rendues statiques par des prises de vue photographiques, chaque image issue de films sous-titrés s’affiche comme un instantané de l’intersection entre le déroulement vertical de l’image cinématographique et la dynamique horizontale de la lecture.
C’est à la fois le point de rupture et le point d’équilibre, entre l’ordonné de ce qui est fait – donné à voir – l’image – le cinéma ; et l’abscisse de ce qui est énoncé – écrit – donné à penser.
Lors de mes prises de vue, pour permettre à la pensée de prendre la main sur l’image, je me focalise sur le choix du propos, sur ce qui m’est donné à lire plus que sur ce qu’il m’est donné de voir.
Ce faisant, je réalise des photographies de factures aléatoires dotant chaque image d’une dimension plastique originale, intrigante, mystérieuse, profonde… Leurs natures évanescentes déplacent la notion d’esthétique du champ du visible vers celui de la pensée ou de la poésie…
Ces séries sont le résultat de ce travail. Des associations de propos épars, provenant d’horizons différents (films) dont l’organisation suggère une nouvelle pensée, une ouverture vers une nouvelle réflexion…
La première image est toujours identique, elle est générique. Son sous-titre « Je vois que l’art vous intéresse » est une invitation à placer la réflexion dans le champ de l’art.
Les deux images suivantes, par leur association et leur présentation verticale, proposent une réflexion aux capacités d’interprétations démultipliées. Une pensée sur un cheminement incertain, erratique dans un espace infini générant simultanément de nouveaux liens entres les pensées elles-mêmes, de nouvelles constructions…
Ce sont des « pensées fragiles », fugaces, qui cohabitent simultanément, rapidement, qui se lisent et qui s’évanouissent…
Jouer sur cette vibration, c’est bien entendu inviter à réinterpréter la structure narrative linéaire que nous propose le cinéma, mais c’est également interroger le principe de l’Histoire unique.